Les Belges boudent désormais les motorisations diesel
Après quelques années fastes, le diesel n'a plus la cote. Cela
résulte d'une volonté claire à l'échelle européenne de voir ce type de
motorisation disparaître. Augmentation de la fiscalité et du prix du carburant,
interdiction de fréquenter les centres-villes... Les actions entreprises pour
dissuader les automobilistes de rouler au diesel ne manquent pas.
Si à l'heure qu'il est, les véhicules qui roulent au diesel sont
encore fort présents sur nos routes, qu'en sera-t-il demain ?
De 1990 à 2008, les années fastes du diesel
Souvenez-vous, dans les années 90, le diesel se profilait comme le
carburant idéal et jouissait alors d'une politique fiscale avantageuse. Au
début des années 2000, les
constructeurs misaient d'ailleurs largement sur ce type de motorisation. Et
pour cause ! Alors que le prix du baril montait en flèche, les voitures au
diesel s'avéraient moins gourmandes de 20 à 25 % que les essences.
2008 est ainsi une année record pour
l'immatriculation de nouveaux diesels en Belgique avec quasi 79 % des
immatriculations enregistrées cette année-là.
D'autre part, pour des raisons qui
profitent tant à l'employeur et l'employé, qu'à l'État qui empoche
d'importantes accises sur les carburants consommés, la Belgique possède un parc automobile composé d'une large part de voitures
de société. Il s'agit depuis toujours d'un
parc très majoritairement diesel.
En 2017, les recettes des accises
sur le diesel comptaient pour 4,35 milliards, alors que celles sur l'essence ont
rapporté 1,26 milliard à l'État, soit moins du tiers. Ceci illustre bien le
rapport ambigu que l'État belge entretient avec ce carburant.
Mais revenons en 2008, alors que la
chasse aux particules fines commence. On observe une scission du marché en
petites motorisations à essence d'une part et motorisations diesel plus
conséquentes de l'autre. Une situation largement favorisée par l'engouement
général pour les SUV et autres monospaces.
Enfin, quand l'affaire Volkswagen
est révélée et que le scandale du dieselgate éclate en
2015, la politique européenne qui va à l'encontre du diesel se durcit. Les véhicules
hybrides et électriques font leur entrée sur le marché. L'âge d'or du diesel
touche à sa fin.
Fiscalité et hausse du prix des carburants
L'objectif du gouvernement est alors de lisser graduellement la
fiscalité du diesel et de l'essence. Un arrêté royal du 26/10/2015 modifie
provisoirement la loi-programme de décembre 2014 qui régit les prix des
carburants afin d'indexer les accises pour qu'à terme l'avantage fiscal
historique du diesel disparaisse.
Évolution du taux d'accises de
l'essence 95 octanes, du diesel et du gasoil de chauffage en Belgique (€/litre)
Source : Petrolfed
Mais déjà durant le second semestre 2018, la donne change. Tout
d'abord, en raison de l'augmentation importante du prix du pétrole brut qui a
entraîné une augmentation des prix à la pompe, suivie quant à elle d'un
mouvement de grogne des automobilistes.
Mais aussi en raison de la chute du gouvernement, qui depuis fin
2018 est mis en affaires courantes et n'applique plus de cliquet.
Le Belge se tourne vers l'essence
Malgré les efforts du gouvernement pour que le Belge abandonne sa
voiture au profit d'une mobilité moins polluante, 2018 aura été la 2e
meilleure année en termes d'immatriculations de voitures neuves. Le diesel perd
du terrain en faveur des motorisations à essence. La proportion des voitures
diesel neuves achetées tombe à 35%, alors que l'essence compte pour plus de 58%
des voitures fraîchement immatriculées.
Les motorisations alternatives ne séduisent pas encore. Les
hybrides ne percent pas et comptent pour 4,73% des nouvelles immatriculations.
Pas plus que l'électrique qui ne représente que 0,66%. Le CNG ne progresse que très
doucement et n'occupe que 0,03% des ventes.
Du côté du marché de l'occasion, la " crainte " du
diesel est très largement perceptible. La valeur des véhicules a diminué de
plus de 10% et le parc des diesels d'occasions mis en vente s'élargit de
manière importante. Un parc de voitures d'occasion qui pose déjà de nombreuses
questions.
Enfin, si le diesel est doucement abandonné par les automobilistes
belges, le fait que ce soit en faveur d'un parc de véhicules à essence pose un
nouveau problème. Quoiqu'on puisse vraisemblablement observer une réduction des
émissions de particules fines, les émissions de CO2 vont quant à elles
continuer à augmenter.
Qu'on le veuille ou non, on se trouve dans une période critique de
transition et le paysage automobile belge risque encore de connaître des
mutations importantes dans les prochaines années.
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