Les biocarburants contribuent-ils à luter contre le changement climatique ?

Le changement climatique est un enjeu majeur et l'Europe a développé une importante politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Parmi les actions entreprises, un important volet est consacré aux carburants afin de diversifier les sources énergétiques dans le transport et d'atteindre l'objectif de 10 % d'énergies renouvelables dans les transports d'ici 2020.

Le secteur du transport pointé du doigt

En Europe, le transport est un secteur où l'on constate encore une hausse importante des émissions des gaz à effet de serre et les véhicules particuliers sont tenus pour responsables de pas moins de 12 % des émissions totales de CO2 en Europe.

Part des différents secteurs dans les émissions totales en 2017 (%)


Source : climat.be, Le site fédéral belge pour une information fiable sur les changements climatiques

C'est pourquoi des directives ont été adoptées afin de réglementer les niveaux moyens d'émissions maximales des véhicules particuliers ainsi que des véhicules utilitaires légers.

Par ailleurs et dans le même ordre d'idées, en Belgique, la loi du 17 juillet 2013 impose aux compagnies pétrolières d'incorporer des biocarburants durables dans les carburants fossiles vendus aux consommateurs.

Les biocarburants en question

Fabriqués à partir de biomasse, les biocarburants ont été créés pour offrir une alternative aux carburants fossiles utilisés dans le secteur des transports.

À l'heure actuelle, on en trouve sur le marché sous les formes suivantes :

- le biodiesel qui est produit à partir d'huile végétale extraite de colza, de tournesol, de soja ou de palme, par exemple et que l'on retrouve actuellement à raison d'un maximum de 7 % dans le diesel fossile. C'est le fameux diesel B7 distribué dans les stations-service.

Depuis le 23 juillet 2018, d'autres produits diesel avec des parts plus importantes d'huile végétale ou synthétique sont autorisés. Il s'agit des diesels B10, B20, B30 et du diesel XTL (diesel synthétique). Il n'existe cependant aucune obligation quant à leur mise sur le marché. La disponibilité de ces produits à la pompe dépend donc exclusivement de la décision de chaque vendeur de carburant.

Au-delà de ça, ces nouveaux carburants ne peuvent remplacer le diesel actuel dans les véhicules qu'à condition que les constructeurs automobiles autorisent expressément l'utilisation de ces carburants dans leurs véhicules. C'est pourquoi, avant d'utiliser ces nouveaux carburants diesel, pour autant que vous en trouviez, mieux vaut vérifier le manuel de votre véhicule ou poser la question à votre garagiste.

- L'éthanol obtenu par la fermentation de betteraves, de cannes à sucre, de blé ou de mais, par exemple, et qui permet l'addition d'un maximum de 5 % d'éthanol, tel que c'est le cas de l'essence E5 et de 10 % d'éthanol, dans le cas de l'essence E10.

Biocarburants, agrocarburants : bilan plus que mitigé

À l'heure actuelle, la question de la durabilité de ces biocarburants en termes d'émissions de CO2, de respect de la biodiversité et d'affectation des sols se pose.

Le débat porte tant sur l'affectation des terres pour les biocarburants conventionnels de première génération qui sont produits à partir de cultures vivrières, que sur la durabilité des biocarburants de deuxième génération qui utilisent quant à eux des plantes non alimentaires ou les parties non comestibles des plantes alimentaires.

En effet, les matières premières nécessaires à la production de biocarburants sont largement issues d'exploitations agricoles énergivores, qui modifient fortement l'affectation des sols et nécessitent l'utilisation d'engrais azotés.

Selon une analyse groupée des organisations Inter-Environnement Wallonie (IEW), CNCD-11.11.11, Oxfam et l'organisation de lutte alimentaire Fian réalisée en 2018, l'utilisation de biocarburants en Belgique produirait une augmentation des gaz à effet de serre équivalente à un doublement du trafic automobile sur le Ring de Bruxelles. Nous sommes donc loin de la diminution des gaz à effets de serre escomptée.

Pour toutes ces raisons, les dispositions relatives aux biocarburants contenues dans la directive européenne font actuellement l'objet d'une révision dont on ne connait pas encore la teneur.

Parallèlement à cela, des biocarburants de 3e génération reposant sur l'utilisation de micro-algues sont actuellement à l'étude et suscitent l'intérêt des autorités publiques ainsi que des investisseurs malgré des freins techniques et économiques encore importants. En outre, la culture des micro-algues reste une forme intensive d'agriculture, gourmande en nutriments et en énergie.

Date de publication : 21/11/2019 09:23:00