Crise du pétrole : quand la guerre des prix et la pandémie bouleversent l'équilibre pétrolier mondial
Le prix du pétrole est au plus bas depuis 17 ans. Ces dernières semaines, il a perdu 50% de sa valeur. En causes, la guerre des prix entamée entre l'Arabie saoudite et la Russie et la pandémie de coronavirus avec en corollaire une demande mondiale en pétrole qui s'effondre alors que l'offre ne cesse d'augmenter.
Le directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Fatih Birol, a ouvertement critiqué le rôle de l'Arabie saoudite et de la Russie dans la chute actuelle des cours du pétrole soulignant le risque important de déstabilisation pour d'autres pays producteurs. Il n'hésite pas à évoquer un krach pétrolier avec des répercussions historiques.
Guerre des prix
Faute de consensus entre l'Arabie saoudite et la Russie durant la dernière réunion de l'OPEP et de ses alliés au début du mois de mars, soutenue par les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite a décidé d'inonder le marché de pétrole à bas prix en dépit de l'effondrement de la demande dû à la pandémie de coronavirus.
Depuis, les cours du pétrole se sont véritablement effondrés.
De son côté, la Russie a refusé de limiter sa production afin de contrer la production de pétrole de schiste aux États-Unis.
Les cours du pétrole évoluent donc actuellement sous la barre des 30 dollars le baril, ce qui n'est pas sans conséquences économiques et sociales pour les pays producteurs de pétrole les plus vulnérables du monde arabe et d'Afrique déjà fortement impactés par la pandémie, tels que l'Irak, l'Angola ou le Nigeria.
Les États-Unis face à un dilemme
Avec un prix du pétrole bas, le secteur du pétrole de schiste américain est également touché de plein fouet. N'atteignant plus la rentabilité en raison de leur mode d'extraction plus coûteux, les producteurs entament des procédures de mise en faillite. Il s'agit d'un dilemme pour les États-Unis qui malgré la pandémie doivent relancer leur économie avec des coûts de l'énergie bas tout en soutenant les pétroliers qui ont besoin de cours pétroliers plus élevés.
Retour de flammes probable après la pandémie
Pour sortir de la crise, Fatih Birol espère dès lors soit une remontée forte de la demande grâce à "une relance économique généralisée une fois la pandémie maitrisée", soit un accord des grands pays producteurs pour "stabiliser la production".
Or, si l'Arabie Saoudite et la Russie continuent sur leur lancée et que le coronavirus poursuit son œuvre, les cours vont fort probablement rester à la baisse le temps de la pandémie.
Par contre, lorsque l'économie va repartir, sans la volumineuse production de schiste américaine et pour peu que les membres de l'OPEP et leur allié russe trouvent un terrain d'entente, les cours risquent alors remonter brutalement.
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